Les enjeux des orbites très basses discutés à Bordeaux
Le thème du Symposium annuel de Way4Space, organisé les 9 et 10 octobre derniers, faisait écho aux priorités européennes pour l’autonomie stratégique dans le domaine du spatial.
Le centre d’innovation de l’écosystème spatial néo-aquitain, Way4Space, avait choisi comme thématique pour son évènement annuel NextSpace, les orbites très basses, ou VLEO selon l’acronyme anglais (Very Low Earth Orbit). Présenté comme la frontière basse de l’espace, le VLEO est la "tranche altitudinale" allant d’environ 80 kms au-dessus de la surface de la Terre (distance à partir de laquelle les vols aéronautiques ne sont plus possibles), jusqu’à environ 400 kms.
Pendant ces deux jours, industriels, chercheurs, start-ups, institutionnels régionaux, nationaux et européens se sont succédés sur la scène bordelaise pour identifier les contraintes du VLEO, expliquer les enjeux que représentent le contrôle, la surveillance ou la maitrise de cet espace, et présenter des innovations développées pour répondre à ces enjeux.
Le VLEO, et plus particulièrement sa partie basse l’ULEO (ou Ultra-Low Earth Orbit, de 80 à 250 kms), restent en effet encore largement méconnus, contrairement aux orbites hautes. Les conditions physiques et environnementales y sont différentes, voire difficiles, car proches de l’atmosphère; la plupart des objets (fusées, satellites, etc.) ne font souvent que le traverser. Or, ces orbites offrent des avantages techniques et opérationnels. Ainsi, pour des applications d’observation, la précision et la résolution seront meilleures. Dans des systèmes de communication, la transmission d’informations sera plus rapide et moins énergivore. Dans le domaine de la défense, le VLEO, identifié comme un nouveau "champ de conflictualité", est aussi regardé avec un intérêt grandissant.
Illustration des nouveaux champs d’application scientifiques, commerciaux ou militaires du VLEO, Dassault Aviation a présenté son projet VORTEX de véhicule orbital réutilisable de transport et d’exploration.
Deux représentants de la Commission européenne (Unité en charge de la Connectivité sécurisée et de la surveillance spatiale de la DG DEFIS) et un représentant de l’Agence spatiale européenne (ESA) sont intervenus pour présenter comment les Etats membres mutualisaient leurs efforts pour être plus ambitieux et plus efficaces dans l’espace, et comment le VLEO s’inscrivait dans la dynamique européenne actuelle. Tout d’abord, le projet de législation spatiale (EU Space Act), proposé le 25 juin dernier par la Commission et actuellement en négociations, peut constituer une opportunité de réguler le marché en introduisant des exigences techniques et de lever quelques insécurités juridiques liées au VLEO. Tout acteur du spatial peut répondre à une consultation publique actuellement ouverte. Les commentaires seront analysés par les colégislateurs. D’un point de vue opérationnel, d’autres composantes des programmes spatiaux européens se sont adaptées ou vont devoir s’adapter aux spécificités du VLEO. C’est le cas par exemple du programme de surveillance de l’espace et de suivi des objets en orbite (EU SST), ou de la constellation IRIS² qui devrait être complétée par une couche de satellites en VLEO.
L’intérêt pour le VLEO étant relativement récent, le représentant des industriels européens du spatial, regroupés au sein de l’association ASD Eurospace, a insisté sur les besoins de financements dans le domaine de la R&D. Certaines technologies, par exemple sur la propulsion ou sur la transmission d’information, ont en effet besoin d’évoluer pour correspondre aux caractéristiques des très basses orbites.
Page de l’évènement NextSpace 2025
Consultation publique sur la législation spatiale de l’UE (ouverte jusqu’au 7 novembre 2025)