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La Région donne son avis sur la future stratégie pharmaceutique européenne

Dans sa stratégie industrielle du 10 mars dernier, la Commission européenne avait annoncé la publication d’ici la fin de l’année, d’une stratégie pharmaceutique européenne. La Région Nouvelle-Aquitaine a répondu aux deux étapes de la consultation publique lancées par la Commission pour co-construire ce document.

La situation n’est pas récente, et la crise sanitaire mondiale actuelle n’a fait que la mettre davantage en lumière: les acteurs européens ne contrôlent pas toute la chaine d’approvisionnement en médicaments nécessaire pour couvrir les besoins des européens. Malgré son rôle de premier plan dans la recherche et le développement en matière de santé et de l’expertise de son industrie, l’Europe connait des pénuries de médicaments essentiels. En France par exemple, les signalements de rupture ou de tensions d’approvisionnement ont décuplés ces dix dernières années.

La stratégie pharmaceutique européenne, annoncée pour le quatrième trimestre 2020, doit permettre de répondre à ces enjeux et garantir un "accès rapide des patients à des médicaments à des prix abordables". La Commission avance plusieurs pistes de réflexion, dont un examen complet de la chaine de valeur pour la sécuriser davantage et la rendre moins dépendante de pays tiers, le soutien à l’innovation pour le développement de nouveaux traitements ou de nouvelles approches thérapeutiques, des actions pour garantir l’accessibilité de ces traitements à tous les patients , ou encore des actions pour réduire l’impact environnemental de la filière. Dans un discours du 16 septembre, Ursula von der Leyen a intégré au programme de travail 2021 de la Commission européenne, une proposition législative visant à créer une nouvelle Agence européenne de recherche et de développement dans le domaine biomédical.

Du côté du Parlement européen, un rapport intitulé "Pénuries de médicaments – Comment faire face à un problème émergent ?" a été massivement adopté (663 voix pour, 23 contre et 10 abstentions) le 17 septembre dernier. Les eurodéputés demandent à la Commission de proposer des mesures pour renforcer la production intérieure de médicaments essentiels et invitent les Etats membres à davantage coordonner leurs stratégies de santé. Ils se déclarent également favorables à l’idée de créer une "pharmacie européenne d’urgence".

Ces réflexions européennes cadrent parfaitement avec les travaux lancés depuis plusieurs mois en Région Nouvelle-Aquitaine, en coopération avec les acteurs de l’industrie pharmaceutique, de la santé, de la chimie, des biotechnologies, et du monde académique. Les échanges réguliers au sein de ce groupe de travail permettent d’identifier les obstacles, et de travailler sur les actions à mettre en place pour sécuriser l’approvisionnement des produits pharmaceutiques. La situation sanitaire mondiale a mis en lumière le besoin de relocaliser, au moins partiellement, la fabrication de certains actifs et médicaments sur le sol européen, afin de limiter le risque de pénurie. Une telle relocalisation nécessite des actions importantes de formation de la main d’œuvre, ainsi qu’un soutien massif à la recherche, au développement et à l’innovation. Ces actions créeraient des conditions favorables pour stimuler des sauts technologiques et faire émerger des nouveaux procédés innovants, intégrant les opportunités liées aux technologies numériques, et respectueux de l’environnement. La chimie bio-sourcée et les biotechnologies constituent par exemple un secteur très prometteur.

Dans ses contributions aux consultations publiques, la Région a également insisté sur certains enjeux clés, comme le besoin de constituer des stocks minimums de médicaments d’intérêt thérapeutique majeur, de réfléchir à une meilleure communication (par exemple pour indiquer sur les boites de médicaments le pays d’origine du principe actif), ou encore d’envisager un modèle économique plus global de financement de l’industrie pharmaceutique, qui soit plus équilibré entre médicaments matures et médicaments innovants que le système actuel.

Enfin, la Région invite la Commission à garantir un accès privilégié à des financements en haut de bilan pour les entreprises innovantes européennes, afin qu’elles ne soient pas forcées de partir en dehors de l’Union européenne. Un soutien pourrait se traduire par l’intermédiaire des programmes Horizon Europe ou InvestEU, ou encore par la mise en place d’un PIIEC (projet important d’intérêt européen commun) sur la production européenne de médicaments.

Page de la Commission européenne sur les industries de santé
Rapport du Parlement européen sur les Pénuries de médicaments du 17 septembre 2020