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Nouvel élan européen en faveur de la biodiversité

En matière de biodiversité, la Commission maintient le cap annoncé dans son Pacte vert (Green Deal) de décembre. Simultanément à sa stratégie pour une alimentation durable, elle a publié le 20 mai une nouvelle stratégie ambitieuse en matière de biodiversité, intitulée "Ramener la biodiversité dans nos vies", qui devrait être un élément pivot du plan de relance économique post-Covid-19.

La biodiversité est en effet envisagée sous l’angle économique, aussi bien les gains à tirer de sa préservation, que les pertes auxquelles s’attendre en ne la protégeant pas (appelées le coût de l’inaction). Protéger les stocks marins améliorerait les bénéfices du secteur de la pêche de plus de 49 milliards € par an; le secteur de l’assurance économiserait 50 milliards € si l’on limitait les inondations dans les zones humides côtières. L’inaction en matière d’environnement et de climat entraînerait en revanche des catastrophes naturelles et météorologiques, amenant à une réduction de 2% du PIB moyen en Europe, voire davantage dans certaines régions.

Selon la CE, la perte de biodiversité entraînerait autant une baisse des rendements agricoles qu’une perte de nouvelles sources potentielles de médicaments. Les rendements mondiaux de riz, de maïs et de blé devraient diminuer de 3 à 10% par degré de réchauffement supplémentaire.

A la manière de la directive-cadre sur l’eau, la Commission veut adopter en 2021 un nouveau cadre juridique avec des objectifs contraignants (des critères de bon statut de la biodiversité) après une étude d'impact qui fixera la méthodologie appropriée. Elle souhaite également débloquer 20 milliards € par an pour la biodiversité en recourant à diverses sources, les fonds européens agrégeant des financements nationaux et privés. Elle a le soutien de la commission Environnement du Parlement européen et des ONG, qui attendaient un signal fort.

La Commission prévoit plusieurs actions d’envergure, qui constituent une vraie relance de sa politique. D’abord mettre en place des zones protégées dans au moins 30% des terres et 30% des mers en Europe (représentant 10% du territoire de l'UE), inciter à planter 3 milliards d’arbres, et opérer une protection plus stricte des forêts primaires et anciennes de l'UE, qui devront faire l'objet d'une cartographie et d'une surveillance vigilante.

Ensuite, elle souhaite restaurer les écosystèmes dégradés dans toute l’Europe en augmentant à 25% la part des terres cultivées en agriculture biologique (contre 8% actuellement), en valorisant les éléments de paysage riches en biodiversité sur les terres agricoles et en rétablissant au moins 25 000 kms de cours d'eau libre dans l'UE.

Avec les secteurs de la construction et des denrées alimentaires, l’agriculture est le secteur sur lequel elle portera le plus d’effort en tenant bien compte des agriculteurs (voir autre article + lien vers fourche  à la fourchette).

La nouvelle stratégie biodiversité à l’horizon 2030