"L'Europe est dans le pré. Que fait l'Europe pour l'agriculture?"
Organisée à l’initiative de la Maison de l’Europe de Lot-et-Garonne, la conférence en ligne "L’Europe est dans le pré" a réuni, le 5 mai dernier, trois députés européens français membres de la commission de l’agriculture au Parlement européen: Eric Andrieu (S&D), Benoît Biteau (Verts/ALE) et Jérémy Decerle (Renew Europe). Lors du débat animé par Jacques Louge, en tant que membre du CESER de Nouvelle-Aquitaine représentant des industries de l’agroalimentaire, et Didier Delanis, Président de la Maison de l’Europe de Lot-et-Garonne, les députés se sont exprimés sur de nombreux sujets: future PAC, agriculture biologique, accords de libre-échange, etc. Morceaux choisis:
Si aucun n’a remis en cause l’importance d’une politique agricole commune (PAC) ils ont appelé de leur vœux à une réforme plus substantielle que celle qui s’annonce pour l’après 2021. Pour Eric Andrieu, la nouvelle PAC telle qu’elle a été proposée en 2018 par la Commission européenne ne répondra pas aux enjeux liés à l’emploi et au maintien de la biodiversité notamment. Le Pacte vert proposé par la Commission européenne est, selon lui, susceptible de redonner du sens à la PAC et de remettre cette politique au cœur des enjeux sociétaux. Même écho du côté de Benoît Biteau, également Conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine, qui a déploré notamment la chute du nombre d’agriculteurs, encouragée par une aide PAC distribuée par unité de surface. Il s’est inquiété également de la perte de biodiversité et de la dépendance aux pesticides et a appelé de ses vœux à ce que le Pacte vert inverse ces tendances. Jeremy Decerle a, quant à lui, tenu à rappeler que l’agriculture française a su évoluer au fil du temps et que la PAC a permis au modèle agricole de tenir face aux crises. Il a souligné notamment l’importance du renouvellement générationnel et a appelé à la définition d’un objectif concret de maintien des hommes sur tous les territoires.
Concernant l’agriculture biologique, Eric Andrieu a souligné que le nouveau règlement européen en la matière, dont l’entrée en vigueur pourrait être repoussée d’un an (soit 2022), répondra au principal problème lié aux produits bio importés dans l’UE, avec des règles d’importation plus fermes (principe de conformité).
Concernant la mise en œuvre de la future PAC via des plans stratégiques nationaux, Benoît Biteau a rappelé que le rôle des Régions ne doit pas être remis en cause au profit d’une recentralisation des politiques européennes vers l’Etat. Eric Andrieu a dénoncé une renationalisation de la seule politique commune européenne et a souligné le rôle essentiel des Régions pour une mise en œuvre au plus près des acteurs des territoires dans leur diversité.
Enfin, concernant les accords de libre échange conclus par la Commission européenne (et ratifiés par les Etats membres), les trois députés ont appelé à traiter l’agriculture et les questions alimentaires en dehors de ces accords globaux. Pour Benoît Biteau:"Peut-on continuer à considérer l’agriculture et l’alimentation comme des produits marchands comme les autres ? Il est déraisonnable de les mettre dans de tels accords comme monnaie d’échange".