Des croisières écologiques sur la Charente
Bateau à propulsion électro-solaire, le Bernard Palissy III est une initiative de développement local soutenue par l'Europe et la Région Nouvelle-Aquitaine. Retour sur cette aventure humaine et technique avec Pascal Duc, propriétaire du bateau.
Depuis la grande terrasse sur le toit, le regard embrasse les bords de Charente. Des rives naturelles préservées, un patrimoine de grande qualité : Saintes, ville d'Art et d'Histoire, Port d'Envaux, village de pierre et d'eau… Jusque dans les années 50, la Charente servait au transport de marchandises, notamment le sel et les cognacs voisins. Les premières croisières démarrent à partir des années 70 et 80. Natif de la Charente-Maritime, Pascal Duc revient à Saintes après avoir été garde-forestier. Il veut créer son entreprise de navigation sur la Charente et fait l'acquisition en 2009 du Bernard Palissy II, déjà en activité. Mais le navire pèse 67 tonnes d'acier et fonctionne avec un moteur diesel de 230 chevaux ! Pascal Duc veut créer un bateau plus respectueux de l'environnement, capable de transporter 150 passagers avec le maximum de confort. « Une propulsion électrique était envisageable car la Charente est un fleuve calme. »
Le pari d'un bateau durable
Une étude de faisabilité réalisée avec Alternatives Énergies, spécialiste à La Rochelle de la propulsion électrique, valide l'intuition de Pascal Duc. Il lance les premières démarches de financement auprès des partenaires institutionnels : l'Europe, la Région, le Département, la Ville de Saintes. Ce montage va lui prendre cinq années durant lesquelles il fait appel à des prêts-relais bancaires. La conception du bateau, confiée au bureau d'étude nantais Ship-ST, occupe une année à elle seule car tout est calculé sur mesure : une coque en aluminium 100 % recyclable, plus légère afin d'optimiser la production d'électricité, un profil étudié pour limiter les remous dans l'eau… La fabrication dure neuf mois supplémentaires et implique de nombreuses entreprises régionales ou proches : chantiers Delavergne en Vendée pour la coque, Leroy-Somer à Angoulême pour les moteurs, entreprise Pochon de La Rochelle pour les installations électriques… Le coût total s'élève à 1,5 M d'euros TTC dont 30 % ont été pris en charge par les financements publics. « Sans les partenaires institutionnels, la réalisation du bateau n'aurait pas été possible », rappelle Pascal Duc. Depuis sa mise à l'eau en mars 2018, le Bernard Palissy III a augmenté son activité de 25 %, il transporte 15 000 passagers par an et emploie quatre personnes. Pascal Duc a également reçu en décembre dernier la palme nationale du transport touristique durable.
Un développement territorial avec l'Europe
Du côté des élus, on se réjouit de la démarche même si le déblocage des aides financières est très long pour les porteurs de projets. « L'attribution des fonds européens dans nos territoires est un formidable atout pour soutenir le développement local et rural », commente Sylvain Barreaud, maire de la commune de Port d'Envaux et président du Groupement d'Action Locale. Le GAL réunit des élus et des membres de la société civile qui évaluent les projets candidats au Fonds LEADER, dédié aux territoires ruraux. « Les porteurs de projets rencontrent aussi les chargés de mission du GAL qui les accompagnent dans leurs démarches », poursuit Sylvain Barreaud. Le Fonds LEADER soutient d'autres domaines, comme l'agriculture locale ou l'attractivité du patrimoine roman de Saintonge… « Nous valorisons également les combinaisons vélo et navigation fluviale pour rejoindre la voie cyclable qui longe la Charente. » De belles perspectives pour celle dont Henri IV disait qu'elle était le plus beau ruisseau de son Royaume !
L'Europe investit dans les zones rurales avec le Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural (FEADER - LEADER)