Ursula von der Leyen réélue à la présidence de la Commission européenne après avoir présenté son programme pour les cinq prochaines années
Le jeudi 18 juin, Ursula von der Leyen a été réélue à la présidence de la Commission européenne pour un deuxième mandat de cinq ans avec 401 voix sur les 360 requises. Elle avait auparavant présenté un programme axé sur la compétitivité, la défense, la qualité de vie et les valeurs démocratiques.
Dans un discours de près de 50 minutes, la présidente sortante a détaillé de nombreux enjeux pour tenter de satisfaire les forces qu’elle a caractérisées de "démocratiques" au sein du Parlement européen, un difficile travail d’équilibriste allant des Verts à la droite démocrate-chrétienne (PPE), en passant par les Socialistes (S&D) et les Libéraux (Renew). Dans un premier temps, Ursula von der Leyen a enjoint les parlementaires à choisir une "Europe de demain" tout en prenant conscience du sentiment d’anxiété des Européens face aux difficultés de logement, à la crise climatique ou au retour de la guerre. Selon elle, le choix résidait dans le fait de laisser le monde décider pour l’Europe ou de permettre aux Européens de construire eux-mêmes leur futur.
La première priorité de la nouvelle Commission concernera ainsi la prospérité et la compétitivité. Un vice-président sera chargé de sa mise en œuvre ainsi que de la simplification, devant donc assurer la diminution de la charge administrative pour les entreprises, notamment les TPE/PME. La présidente a également annoncé un "New clean industrial deal" alors que l’Union européenne opère un double processus de décarbonation et d’industrialisation, ainsi qu’un nouveau Fonds européen de compétitivité, axé sur des projets européens communs et transfrontaliers stimulant la compétitivité et l'innovation. Ursula von der Leyen a évoqué son nouveau mandat comme celui de l’investissement, affirmant que les financements devraient venir à la fois des secteurs public et privé. Dans cette optique, la Commission européenne proposera la création d’une Union européenne de l'épargne et de l'investissement dans la continuité du projet d’union des marchés de capitaux.
Dans la deuxième partie de son discours de candidature, Ursula von der Leyen a abordé les enjeux de sécurité et de défense, affirmant que l’UE se tiendrait aux côtés de l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudrait et qu’il était temps de construire une véritable Europe de la défense. Elle a ainsi prôné la création d’un marché commun de la défense et d’un bouclier aérien européen. Sur le plan sécuritaire et migratoire ont été proposés le renforcement de la lutte contre le crime organisé et le trafic de drogue, le doublement des effectifs d’Europol ou encore le triplement du nombre de gardes-frontières. Le prochain collège devrait également être doté d’un commissaire dédié à la région méditerranéenne qui traitera des politiques de voisinage.
La défense des valeurs démocratiques a enfin pris une part importante du discours, dans un contexte de montée de l’extrême droite au sein de l’UE et des autoritarismes dans le monde. La présidente de la Commission a qualifié la démocratie de trésor commun, trop longtemps considéré comme acquis, et a mis en garde contre les offensives antidémocratiques internes et externes. Il a ainsi été question d’un bouclier européen de la démocratie pour lutter contre la manipulation de l’information et les ingérences étrangères. Ursula von der Leyen a par ailleurs réaffirmé son soutien au journalisme indépendant, à la lutte contre la corruption, à la protection des jeunes face au harcèlement en ligne, aux droits des femmes et au respect de l’Etat de droit, auquel elle souhaite continuer de conditionner le versement des fonds de l’UE.
Parmi les autres sujets mentionnés figurent la défense d’une "politique de cohésion forte, conçue en collaboration avec les régions et les autorités locales", la nomination d’un commissaire au logement, réclamée de longue date par le groupe S&D, la mise en place d’une nouvelle stratégie pour le secteur alimentaire et l’agriculture mettant l’accent sur un revenu juste pour les agriculteurs, le soutien à un élargissement fondé sur le mérite des pays candidats, la nécessité d’une réforme des traités, ou encore la demande d’un cessez-le-feu et d’une solution à deux Etats au Moyen-Orient.
Après le discours, les présidents de groupes du Parlement européen se sont exprimés avant que les députés ne passent au vote. Ursula von der Leyen a ainsi été réélue avec une majorité de 41 voix contre 9 seulement en 2019. La candidate à sa propre succession est ainsi parvenue à tenir sa grande coalition entre la gauche, le centre et la droite, tout en agrégeant massivement des voix venues des Verts qui ne lui avaient pas accordé leur soutien il y a cinq ans. Notons que les eurodéputés français LR et Verts n’ont pas accordé leur confiance à l’Allemande, contrairement à leurs homologues européens. La présidente réélue doit désormais constituer le collège des commissaires qui devront eux-aussi être auditionnés et soumis au vote des députés européens à l’automne.
Déclaration de la candidate Ursula von der Leyen (europa.eu)