Mathieu Bergé représente la Nouvelle-Aquitaine à l’occasion de l’Assemblée générale de la CRPM à Barcelone
Lors de la 53ème Assemblée générale de la Conférence des régions périphériques et maritimes (CRPM) qui se tenait à Barcelone les 20-21 novembre, la Région Nouvelle-Aquitaine était représentée par Mathieu Bergé, Conseiller régional délégué à la coopération territoriale européenne, aux ports et aux aéroports
L’Assemblée générale a été ouverte par Filip Reinhag, Président de la CRPM et par Salvador Illa, Président de la Région hôte de la Generalitat de Catalogne.
Davide Strangis, Secrétaire général de la CRPM, a entamé les travaux par une présentation du rapport d’activités. Il a salué les nombreux rendez-vous à haut niveau avec les institutions européennes au cours de la dernière année, ainsi que de nombreuses positions politiques et réponses à des consultations européennes. Il a indiqué que parmi les priorités 2026, le budget européen et l’avenir de la politique de cohésion occuperaient une grande place. S’en est suivie la présentation du plan d’action 2025-26 par thème par les Vice-présidents de la CRPM des régions coordinatrices: Climat (Murcia), Energy (Açores), Affaire maritimes et pêche (Kymenlaakso), Voisinage (Catalogne) et Politique de cohésion (Toscane).
La deuxième journée était consacrée à des sessions thématiques sur le budget européen, la politique de cohésion, le pacte pour les océans et la politique commune de la pêche. Elle a été ouverte par Javi Lopez, Vice-Président du Parlement européen. Il a souligné dans ses mots introductifs que le Cadre Financier Pluriannuel (CFP) était la colonne vertébrale de l’UE et que le Parlement européen était un allié des régions. Selon lui "Il faut une gouvernance multi-niveau. Les plans nationaux, ce n’est plus la logique communautaire, ils remettent en question l’esprit même de l’Europe".
La première table-ronde sur la compétitivité territoriale et la préparation des territoires a été marquée par l’intervention de Hugo Sobral, Directeur-général adjoint de la DG REGIO. Il a rappelé que la compétitivité et l’innovation étaient au cœur du rapport Draghi, qui a mis en avant trois domaines d’actions: plus d’innovation dans l’économie, un agenda de décarbonation avec la réindustrialisation et plus de souveraineté dans les politiques européennes. Selon lui, il y a une dimension régionale essentielle dans la compétitivité. Parmi les intervenants, la prise de parole de la représentante de la région finlandaise de Laponie a été particulièrement remarquée. Les régions vivant aux confins de la Russie se sentent menacées et ont rappelé que la politique de cohésion était aussi une politique de solidarité indispensable dans le contexte géopolitique.
Mathieu Bergé s’est exprimé sur les craintes des régions françaises par rapport à la renationalisation de la politique de cohésion. Selon lui, "si nous sommes menacés de l’extérieur de l’UE, nous sommes aussi menacés de l’intérieur, et la recentralisation serait une menace pour la démocratie, car lorsque l’on affaiblit la démocratie locale, c’est toute la démocratie que l’on affaiblit".
Lors de la table-ronde sur le Cadre Financier Pluriannuel, le représentant du gouvernement polonais a rappelé le calendrier du Conseil. Selon lui, la position du Conseil sera sur la table lors de la prochaine présidence chypriote. Jean-Marc Germain, coordinateur budget pour le groupe S&D, a de son côté rappelé la reconnaissance de nouvelles priorités par son groupe politique, mais sans pour autant scier la branche sur laquelle on est assis, et remettre en question la PAC et la politique de cohésion. Il a également réaffirmé le souhait que les régions restent au cœur de la politique de cohésion et indiqué qu’il se battra en ce sens au Parlement européen (PE), pour que leur rôle soit obligatoire et non optionnel. Il a regretté qu’il y ait moins d’argent pour la PAC, la cohésion et la pêche, et assuré que le PE allait également se mobiliser pour modifier la proposition budgétaire de la Commission européenne (CE). Sur les prochaines étapes, il a annoncé un rapport intérimaire du PE en fin de semaine prochaine et un rapport final au mois d’avril, pour un accord final au premier trimestre 2027.
Jan Olbrycht, conseiller spécial du Commissaire au budget Piotr Serafin, a salué la qualité des prises de position de la CRPM. "Ce budget est le budget du temps de la guerre" a-t-il asséné. Selon lui, dans ce contexte, la proposition de centralisation est bien perçue par les Etats membres, ainsi que la priorité compétitivité, qui comprend les priorités défense et innovation. Il a rappelé qu’il fallait un accord du Conseil à l’unanimité et que dans le contexte actuel, il serait difficile à atteindre. En effet, la première des batailles sera sur le montant du budget avec les frugaux, qui comptent désormais les Français et les Allemands. Sans nouvelles ressources propres, la cohésion et la PAC seront menacées. Sur la gouvernance, la question est de savoir qui contrôlera l’argent. A son avis, les plans nationaux resteront et "les marges de manœuvre sont à l’intérieur des plans nationaux". Il encourage les régions à amender la proposition, pas à demander de la réécrire, et de travailler à la fois avec le PE et les gouvernements.
Marie-Antoinette Maupertuis, Président de l’Assemblée de Corse et rapporteure du Comité des Régions (CdR), a remercié les intervenants et pris bonne note du fait que l’on entrait désormais dans la négociation. Elle a rappelé les prises de position de son rapport de 2024 sur le CFP au CdR. Elle regrette vivement que la simplification consiste exclusivement dans la recentralisation et que les PPNR soient actés, comme l’a indiqué Jan Olbrycht. Selon elle, le sentiment des élus reste que les territoires ont été laissés de côté, et que l’esprit initial de la politique de cohésion était désormais oublié. Elle en a appelé à travailler avec les territoires : "On ne pourrait pas comprendre que les territoires soient invisibilisés, quelles que soient leur compétence institutionnelle". Selon elle, "si on a un budget européen hors sol, on aura un projet européen hors sol".
La dernière table-ronde thématique était consacrée à la feuille de route du pacte pour les océans et à la Politique Commune de la Pêche (PCP). Y participaient notamment Christophe Clergeau, eurodéputé (S&D) et Charlina Vitcheva, Directrice générale de la DG MARE.
Christophe Clergeau s’est réjoui que la Commission européenne ait le projet d’une loi sur l’océan, ambition portée et défendue par la CRPM. La représentante de la Commission, de son côté, s’est exprimée sur le pacte pour les océans et la PCP. Elle a indiqué qu’un des plus grands succès obtenus ensemble était la présentation, par la Présidente de la Commission et en présence de représentants politiques au plus haut niveau, du Pacte pour les océans. Mais selon elle, ce pacte repose avant tout sur la mise en œuvre de la législation existante : la stratégie pour les ports, la stratégie maritime, la préservation des zones côtières, l’observatoire des océans, la sécurité maritime, etc. Elle a également souligné le rôle des autorités régionales et des stratégies régionales.
Sur la pêche, Charlina Vitcheva considère que la PCP est un succès et qu’il faut continuer à préserver la ressource. Elle a annoncé qu’une évaluation de la PCP serait présentée au mois de mai et accompagnée d’un document stratégique, à la fin 2026. Elle a conclu en appelant à poursuivre les échanges et la coopération avec les régions de la CRPM. Ce sera nécessaire, car les interventions dans la salle ont montré des désaccords, un décalage entre les actions et les ambitions, et une inquiétude par rapport aux moyens financiers dédiés.
Les échanges se sont terminés sur l’annonce que la prochaine AG de la CRPM aurait lieu à l’automne 2026 à Stavanger, en Norvège.