Lutte contre le changement climatique: la Commission rehausse ses ambitions pour l’avenir
En dévoilant en décembre 2019 son "Green deal" (Pacte vert pour l’Europe), la Commission européenne avait indiqué le cap: atteindre la neutralité climatique d’ici 2050, décliné à travers son projet de "Loi climat" européenne, présentée en mars 2020, et le Pacte européen pour le climat, qui visera à fédérer des ambassadeurs du changement citoyen.
Débattant de la loi climat, le Parlement européen a proposé un rapport (soumis au vote en plénière début octobre) fixant l’objectif de réduction des émissions de GES à 60% d’ici 2030. Il satisfait en cela les ONG, soutenant l'accord de Paris dont l’objectif est une réduction de 65%. Mais l’association des chambres de commerces et d’industries de l’UE, Eurochambres, juge à l’inverse cet objectif irréaliste et déstabilisant pour les entreprises.
Depuis le printemps, les opinions ont évolué. La Commission cherche à prendre en compte toutes les remarques des ONG, des scientifiques, des entreprises, des collectivités qui ont répondu, comme la Région Nouvelle-Aquitaine, à la consultation du printemps sur le futur Pacte Climat. En outre la gestion de la crise économique suite au Covid a conduit à des choix renforçant les énergies fossiles. Enfin la Commission note que "les risques climatiques sont clairement en train de s’aggraver".
Aussi la Commission a décidé de ré-intervenir dès cet automne dans le débat entre les institutions européennes. En présentant le 17 septembre une proposition d’amendement à sa loi climat, elle revoit à la hausse ses objectifs climatiques définis l’an passé, assortis d’un plan d’action. Elle propose maintenant de réduire les émissions de gaz à effet de serre (après déduction de l’absorption) d’au moins 55 % (au lieu de 40%) par rapport aux niveaux de 1990 d’ici à 2030. Le budget européen sera conditionné: 100% des dépenses de l’UE devront "ne pas nuire aux objectifs climatiques".
Le premier pilier de ces ambitions est l’énergie, avec les objectifs en matière d’énergies renouvelables: passer au niveau européen à 38-40 % d’ici 2030 (contre un objectif actuel de 32 %); faire passer la part de l’électricité à base d’EnR dans toute l’UE de 32% aujourd’hui à 65% en 2030.
L’accent est mis sur l’amélioration dans le bâtiment et les transports: au moins 40% de renouvelables en 2030 dans le secteur du chauffage et du refroidissement; le taux de rénovation énergétique, d’environ 1% aujourd’hui, sera doublé. La stratégie "Vague de Rénovation" attendue mi-octobre initiera le mouvement.
La dépendance aux fossiles devra être fortement diminuée, en réduisant la consommation de charbon de 70% par rapport à 2015, de 30% pour le pétrole et de 25% pour le gaz. La Commission appuiera la décarbonation des carburants dans les transports d’ici 2050, par tous les moyens, y compris dans l’avion et les transports maritimes. Dans les transports comme dans l’industrie, elle soutiendra le déploiement d’infrastructures innovantes comme les réseaux de chaleur, les gazoducs d’hydrogène ou les bornes de recharge électrique.
Enfin les secteurs comme l’agriculture et les déchets sont visés par un objectif global. Le méthane, le protoxyde d’azote et les autres émissions hors-CO2, "devront être réduits de 35 % par rapport à 2015". La Commission juge la neutralité carbone du secteur agricole réalisable autour de 2035.
En dernier lieu, la Commission souhaite davantage jouer de l’outil de la fiscalité pour améliorer la tarification du carbone.