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L’hydrogène a le vent en poupe en Europe

La crise de l’après covid aura accéléré les sauts technologiques dans l’énergie. Parallèlement aux débats sur les plans de relance en Europe, plusieurs Etats ont annoncé des stratégies ambitieuses en faveur du développement de l’hydrogène, sur lequel l’Europe présentera sa stratégie globale le 8 juillet prochain.

Le 30 mars dernier, les Pays-Bas ont publié leur nouvelle "vision gouvernementale sur l’hydrogène". Forts de leur savoir-faire gazier et de leur positionnement stratégique dans l’industrie du Nord de l’Europe, les Néerlandais envisagent l’hydrogène comme un des piliers de leurs stratégie industrielle; ils veulent positionner à long terme Rotterdam comme un hub, important et exportant cette énergie, en lien aussi bien avec les Etats de la Mer du Nord (liés à l’éolien offshore) qu’avec les ports du Portugal (pays producteur de photovoltaïque). Ils ont annoncé un premier investissement de 35 millions € d’innovation pour les électrolyseurs, avec un objectif d’hydrogène vert de 500 MW d’ici 2025.

Le 9 juin, c’est le gouvernement allemand qui a publié sa feuille de route annonçant des investissements dans l’hydrogène à hauteur de 9 milliards €: 7 milliards € sur le développement des véhicules, des infrastructures et la transition des industriels allemands, et 2 milliards € pour des partenariats avec des pays comme le Maroc. Avec l’ambition de devenir le premier fournisseur au monde, l’Allemagne a identifié des besoins en hydrogène de 90 à 110 TWh en 2030, contre 55 TWh aujourd’hui. La France a annoncé 1,5 milliard € sur trois ans dans l’aéronautique pour parvenir à un avion neutre en carbone en 2035, grâce notamment à l’hydrogène.

La stratégie de la Commission du 8 juillet prochain devrait faire la part belle aux projets de "vallées de l’hydrogène", liant producteurs et consommateurs locaux d’hydrogène. La Commission pourrait annoncer plus de 120 milliards € d’investissements, pour faire passer  l’hydrogène de 2 % actuellement à 10 %, voire 16 % dans le bouquet européen d’ici 2050, avec 40 GW d’électrolyseurs.

Une nouvelle typologie de l’hydrogène en deux catégories serait proposée: d’une part, l’hydrogène "propre", produit uniquement à partir d’énergies renouvelables, d’autre part l’hydrogène "bas carbone", produit à partir de sources diverses d’électricité (y compris le nucléaire).

Enfin la Commission inscrirait l’UE dans une stratégie d’importation de l’hydrogène, en sollicitant 40 GW de potentiel, aussi bien des pays du voisinage oriental comme l’Ukraine, ou des pays du Maghreb avec leur fort potentiel d’énergie solaire.

Cette stratégie marquera une étape d’autant plus importante qu’elle devrait être publiée conjointement à deux autres éléments majeurs. D’une part, une nouvelle stratégie sur les systèmes intelligents d’énergie (l’hydrogène peut jouer un rôle majeur de stockage, pour l’équilibre du réseau énergétique).

D’autre part la présentation de l’Alliance industrielle sur l’hydrogène, projet d’intérêt européen porté par les gouvernements allemand et français, à l’image de l’Alliance européenne sur les batteries, et rassemblant des tables rondes de dirigeants d’entreprises. S’inscrivant dans cette ligne, les ministres de l’énergie de six pays de l’UE (Pays-Bas, Autriche, Allemagne, France, Belgique, Luxembourg) et de la Suisse ont signé le 15 juin un mémorandum demandant à la Commission une feuille de route avec des objectifs pour 2030 et au-delà. L’hydrogène propre est vu comme un vecteur énergétique indispensable à la neutralité climatique, dont la demande par les réseaux de gaz, de transport et de l’industrie, baisseront les coûts.

La Nouvelle-Aquitaine est également impliquée dans cette dynamique depuis l’an passé en ayant intégré le partenariat interrégional sur les matériaux pour les batteries ainsi que celui dédié aux Vallées hydrogène. De même, la Région devrait adopter sa propre feuille de route avant l’été, comme la stratégie européenne.