"L’Europe, la culture en question. Covid-19, quel impact ?"
Organisée par la Maison de l’Europe du Lot-et-Garonne en lien avec le Bureau du Parlement européen en France, la conférence en ligne "L’Europe, la culture en question. Covid-19, quel impact ?", a réuni, le 23 juin, les Députées européennes Ilana Cicurel (Renew Europe) et Salima Yenbou (Verts/ALE), toutes deux membres de la commission Culture du Parlement européen. En présence de Jean-Jacques Epron, Conseiller au CESER et Directeur du Pôle Culturel Régional des Arts de la Parole et des Ecritures Contemporaines et animée par Jean Claude Veniel, Président du cinéma Art et Essai du Lot-et-Garonne et de Didier Delanis, Président de la Maison de l’Europe du Lot-et-Garonne les échanges ont porté notamment sur les mesures prises pour le secteur culturel en réponse à la crise sanitaire, le bilan d’Europe Créative pour 2014-2020 et les propositions pour la prochaine programmation.
Concernant le covid-19, les députées ont estimé que la Commission avait été réactive en proposant l’assouplissement des aides d’Etat, l’initiative d’investissement en réponse au coronavirus qui a permis de dégager 37 milliards € ou encore l’instrument SURE (Support to mitigate Unemployment Risks in an Emergency). Cependant, ces mesures sont générales et toutes deux espèrent que ces dispositifs atteindront bien les secteurs culturels. Le groupe Renew Europe entend par ailleurs s’assurer que l’instrument SURE bénéficiera à toutes les formes de travail, notamment aux travailleurs indépendants, nombreux dans le secteur de la culture.
Concernant le bilan à tirer de la programmation 2014-2020, Salima Yenbou regrette qu’Europe Créative soit le seul financement direct du secteur culturel notamment parce qu’il est insuffisant pour avoir une incidence majeure à l’échelle européenne et pour le secteur créatif et culturel. Divisé en trois sous-programmes, ce sont 56% qui sont attribués au volet MEDIA, 31% au volet CULTURE et 13% au volet transectoriel. Elle déplore un taux de réussite en diminution, ce qui témoigne de l’insuffisance des financements par rapport à l’intérêt qu’ils génèrent.
La Commission européenne a reconnu que le budget d’1,4 milliard € alloué à Europe Créative était en-deçà du potentiel que le programme pouvait générer. C’est pourquoi le Parlement européen avait proposé que ce budget soit porté à 2,8 milliards € pour la prochaine programmation.
Concernant la programmation 2021-2027, la Commission a dernièrement proposé un budget de 1,8 milliard € pour Europe Créative, proposition à laquelle l’ensemble du panel était unanime pour dire qu’elle était insuffisante au regard du potentiel du programme, d’autant plus suite à la crise sanitaire.
Jean-Claude Veniel a évoqué la question de la simplification des procédures pour accéder aux financements, affirmant que cela était nécessaire pour que les petites structures puissent plus facilement bénéficier des fonds d’Europe Créative. Ilana Cicurel a complété en révélant que l’assouplissement des procédures était actuellement en discussions à la Commission européenne. Salima Yenbou était plus réticente à l’idée d’un assouplissement des procédures. Elle estime qu’un assouplissement des procédures faciliterait certes l’accès aux projets et aux financements, mais à terme, si le budget n’augmentait pas de manière significative, cela impliquerait une frustration d’encore plus de structures de voir leur projet non retenu pour un financement. Elle préfèrerait un retour aux subventions et la suppression des appels à projets.
Pour rappel, dans le cadre du plan de relance qu’elle a présenté le 27 mai dernier (voir article du 4 juin), la Commission a également proposé de ré-abonder la politique de cohésion de 55 milliards € avec son initiative REACT-EU (Recovery Assistance for Cohesion and the Territories of Europe), des fonds qui pourront en partie être dédiés au secteur économique de la culture. Cette ouverture sur la culture est également prévue dans le contexte de la politique de cohésion 2021-2027.