© Région Nouvelle-Aquitaine Aurélien Marquot

La Commission européenne lance l’Union des compétences

Le 5 mars 2025, la Vice-Présidente exécutive Roxana Mînzatu a présenté l'Union des compétences, un projet phare regroupant plusieurs initiatives dans les domaines de l'éducation et de la formation.

En charge des droits sociaux et compétences, emplois de qualité et état de préparation, la Vice-Présidente exécutive Roxana Mînzatu a été chargée dans sa lettre de mission de concevoir une stratégie globale d'amélioration et de reconnaissance des compétences au sein de l'Union européenne. L'objectif ? Répondre au déclin des compétences de base dans l'UE (du domaine de la petite enfance à celui de la formation des adultes), aider les travailleurs à s'adapter aux transformations de l'économie et attirer les talents. 

Cette stratégie doit répondre à plusieurs défis, à savoir la grande hétérogénéité des besoins en matière d'éducation et de compétences entre Etats-membres, mais également l'absence de compétence législative de la Commission européenne dans ce domaine. Pour ce faire, l'Union des compétences s'appuie sur quatre piliers et deux dispositifs horizontaux ayant pour but de soutenir les Etats-membres:

Pilier 1: Renforcer les compétences de base

Mme Mînzatu a rappelé le déclin des compétences de base observé chez les jeunes apprenants et les difficultés des établissements à s'adapter dans un contexte de transformation économique rapide. Un Plan d'action pour les compétences de base a été dévoilé, identifiant cinq compétences clefs à consolider: lecture, mathématiques, sciences, numérique et citoyenneté. Ce plan comporte un grand nombre d'actions à mettre œuvre afin de renforcer les compétences de base, de soutenir les enseignants et formateurs et de créer des environnements d'apprentissage favorables via des programmes et dispositifs existants comme Erasmus+, le Corps européen de solidarité, ou encore la Plateforme européenne pour l'enseignement scolaire et eTwinning. 

La Commission prévoit de mettre en place en 2026 un projet pilote de soutien des compétences ("Pilot a Basic Skills Support Scheme") dans les établissements rencontrant des difficultés. Les Etats-membres sont invités à manifester leur intérêt s'ils souhaitent participer à ce projet pilote en définissant des objectifs nationaux. 

Pilier 2: Encourager la formation continue des travailleurs

Dans sa présentation au Forum européen de l'emploi et des droits sociaux 2025 délivrée dans le prolongement de la conférence de presse, la Vice-Présidente a également souligné le retard de la population adulte en matière de compétences de base et de compétences numériques. Dans ce contexte, l'objectif de ce pilier est de soutenir les entreprises à investir dans la formation et la reconversion de leur main-d'œuvre. 

Un projet pilote de garantie des compétences ("Skills Guarantee pilot") sera mis en œuvre en 2026 afin d'offrir la possibilité aux travailleurs impliqués dans des processus de restructuration ou menacés de chômage de se reconvertir dans un autre secteur ou de développer leur carrière dans une autre entreprise. La Commission entend s'appuyer sur des outils comme les Académies de compétences de l'UE afin de soutenir la montée en compétences des entreprises dans les secteurs couverts par le Pacte pour une industrie propre (voir article Le pacte pour une industrie propre pour la compétitivité et la décarbonation de l’Union européenne | Europe (europe-en-nouvelle-aquitaine.eu)).

Pilier 3: Faciliter le recrutement et la mobilité des travailleurs au sein de l'UE

Certains outils ont déjà été mis en place afin de faciliter la mobilité des travailleurs dans le marché intérieur. Cependant, de nombreux obstacles demeurent, comme la reconnaissance des diplômes et qualifications au sein de l'UE. Afin d'offrir davantage d'opportunités aux travailleurs et entreprises, la Commission européenne prévoit le lancement d'une Initiative de transférabilité des compétences ("Skills Portability Initiative"), ainsi qu'un système de reconnaissance des qualifications. Celle-ci prévoit également de travailler à un diplôme européen de l'enseignement et la formation professionnelle et un diplôme européen pour les ingénieurs. 

Pilier 4: Attirer et retenir les compétences et les talents 

Afin de répondre aux besoins de main d'œuvre dans les secteurs en tension tels que la santé ou le bâtiment, Mme Mînzatu a évoqué la création d'un Réservoir de talents ("EU Talent Pool") pour faciliter le recrutement de travailleurs en-dehors de l'UE, et ce à tous niveaux de compétences. Cette proposition émise par la Commission doit être adoptée par le Parlement et le Conseil. 

La Commission souhaite également attirer "les meilleurs talents du monde" et à les retenir. A ce titre, un budget de 22,5 millions d'€ sera alloué à l’action pilote Marie Skłodowska-Curie prévue fin 2025. Baptisée "MSCA Choose Europe", cette action a pour but d'offrir des perspectives de carrière attractives et d'excellentes conditions de travail dans le domaine scientifique et de la recherche. 

Une stratégie en matière de visas sera également présentée en 2025 pour faciliter l'arrivée d'étudiants, de travailleurs qualifiés et de chercheurs de haut niveau.

Quels objectifs chiffrés pour 2030? 

•    La part des résultats insuffisants dans les compétences de base devrait être inférieure à 15 %, tandis que la part des meilleurs résultats devrait être d'au moins 15 %;
•    La proportion d'étudiants inscrits dans les domaines STEM (science, technology, engineering, and mathematics) dans l'enseignement et la formation professionnelle initiale devrait atteindre 45 % a minima. Parmi eux, un étudiant sur quatre devrait être une étudiante;
•    La part des étudiants inscrits dans les domaines STEM dans l'enseignement de troisième niveau devrait atteindre 32 % a minima. Parmi eux, deux étudiants sur cinq devraient être des étudiantes;
•    La proportion d'étudiants inscrits dans des programmes de doctorat en TIC devrait atteindre 5 % a minima. Parmi eux, un doctorant sur trois devrait être une doctorante.  

Dispositifs horizontaux: Une nouvelle méthode de gouvernance

La mise en œuvre de ces piliers s'appuiera sur une nouvelle méthode de gouvernance comprenant un Comité à haut niveau (réunissant partenaires sociaux, entreprises, pouvoirs publics, acteurs de l'éducation) et un Observatoire. Ces deux instruments visent à alimenter les réflexions de la Commission et à soutenir les Etats dans l'élaboration de leurs politiques d'éducation et de formation.

Union des compétences 

Compétences, emplois et pénurie dans les 27 Etats-membres