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Après avoir reçu le Commissaire européen au budget, M. Oettinger, les représentations à Bruxelles de la Nouvelle-Aquitaine, de la Hesse, de l’Emilie-Romagne et de la Wielkopolska ont invité Michael Hager ce mercredi 29 mai 2019. Plus d’une centaine de personnes ont participé à cette conférence pour échanger sur le futur Cadre Financier Pluriannuel (CFP).

Cette rencontre a été l’occasion pour les régions de rappeler leurs inquiétudes concernant la durée des négociations, en moyenne deux ans. En effet, alors que la Commission a fait sa proposition en mai 2018, que le Parlement européen (PE), le Comité des Régions et le Comité économique et social européen ont donné leur avis dès l’automne de la même année, les négociations au sein du Conseil ne cessent de se prolonger. D'abord prévue pour mai 2019, puis à l’automne, le Conseil, pris notamment par le Brexit, peine à avancer sur une position commune.

Michael Hager le 29 mai 2019 © Representation of the State of Hessen/Eric Berghen

Selon M. Hager, si la "boite de négociation" - document de travail dans lequel les Etats doivent s’entendre sur les données financières - a avancé, il n’en demeure pas moins que certaines thématiques cristallisent les positions: au-delà du nerf de la guerre, à savoir le montant des contributions nationales, d’autres sujets comme la création d’un budget de l’Eurozone, l’introduction d’une conditionnalité budgétaire liée à l’état de droit ou encore la flexibilité du budget contre des plafonds d’engagements limités divisent les Etats membres.

M. Hager  rappelle que s'ajoute le renouvellement du PE qui rendrait caduque sa position de 2018. Selon lui, les nouveaux députés européens seront ainsi appelés à se prononcer à nouveau. 

Enfin, même si la Présidence finlandaise (deuxième semestre 2019) parvenait à faire avancer le dossier de manière conséquente, il est fort probable qu’un accord au Conseil ainsi qu’une adoption par le PE ne soient pas possibles avant l’automne 2020, sous présidence allemande et donc malheureusement à la veille de la future période de programmation, comme cela a été le cas la dernière fois.

Michael Hager le 29 mai 2019 © Representation of the State of Hessen/Eric Berghen

Concernant l’augmentation du montant de l’enveloppe globale proposée par la Commission, ainsi que sur les disponibilités budgétaires pour les politiques dites traditionnelles (PAC et Cohésion), M. Hager s’est également montré peu optimiste. En effet, il estime qu’une première tentative d’accord sera faite sous Présidence finlandaise. Or, la Finlande, accompagnée d’autres contributeurs nets tels que les Pays-Bas, le Danemark et la Suède, préfère discuter d’améliorations et d’efficacité des fonds et de leurs usages. Pour M. Hager, les négociations risquent de porter sur une contribution nationale de 1,00% à 1,06% du Revenu National brut (RNB) contre 1,11 % proposé par la Commission.

Par conséquent, comme le rappelle M. Hager, la négociation au sein du Conseil sur le CFP est un jeu de poker où chefs d’Etat et de gouvernement jouent le "contre la montre" là où des marges de négociations sont toujours possibles. Il invite ainsi les régions à interpeller leurs Etats respectifs afin de les sensibiliser à leurs besoins.

Peter Müller, correspondant européen pour Der Spiegel, a indiqué que l’Allemagne avait échappé au déferlement populiste du parti eurosceptique et nationaliste de l’AfD (Alternative pour l’Allemagne), hormis dans ses bastions comme la Saxe. Il a regretté que de nombreux électeurs allemands aient donné leur voix à une multitude de petits partis politiques qui n’auront aucun pouvoir à Bruxelles et qui ne contribueront pas à l’influence allemande dans l’hémicycle. M. Müller a par ailleurs souligné l’engagement très timide de la Chancelière Angela Merkel dans la campagne en Allemagne. D’après lui, Manfred Weber, le "Spitzenkandidat" du PPE (Parti populaire européen), n’est pas en position de force pour décrocher la présidence de la Commission européenne. Le journaliste a également invité le Parlement européen à soumettre un nom pour la présidence de la Commission européenne le plus vite possible. Selon lui, le taux de participation en hausse lors de ces élections est un argument que le Parlement peut utiliser face aux chefs d’Etat pour peser dans ce choix.

Correspondante européenne pour Europe 1, Isabelle Ory a marqué son étonnement concernant la hausse de la participation en France, qui est une belle surprise par rapport à la campagne. Plus d’un Français sur deux est allé voter. Ces élections s’inscrivent dans la suite de la présidentielle de 2017, avec un paysage politique en recomposition autour de deux partis: le Rassemblement national, en avance d’un point; et la République en Marche, qui a limité les dégâts, dans un contexte de forte contestation sociale et d’inquiétude du pouvoir. Les Verts, dont le travail au Parlement européen est reconnu, visible et compris, deviennent la troisième force politique du pays. Aucune liste "gilets jaunes" ne passe la barre des 5%, comme c’est le cas pour beaucoup de listes souverainistes. Il y aura un fort renouvellement des eurodéputés français, sauf chez les Verts.

Isabelle Ory le 27 mai 2019 © MultipleRegionsHouse/fkph

Selon Isabelle Ory, la présidence de la Commission européenne pourrait peut-être échapper au PPE, et en tout cas à Manfred Weber, point sur lequel elle rejoint Peter Müller. Mme Ory estime que la candidate de la France serait la Danoise Margrethe Verstager, mais elle n’a pas exclu l’hypothèse Michel Barnier. Une course contre la montre s’est engagée entre les résultats des élections et la tenue du sommet des chefs d’Etat, avec un rapport de force inédit entre le Parlement et le Conseil européen, pour être le premier à proposer une solution.

Journaliste italienne indépendante, Barbara Roffi a insisté sur les différences géographiques dans le taux de participation – resté globalement stable – en Italie: les régions du Sud ne sont pas allées voter, au contraire des grandes villes qui se sont fortement mobilisées, comme Milan. La Ligue du Nord a réalisé une énorme percée et aurait récupéré des voix du Mouvement Cinq Etoiles, sans doute grâce à son discours clair et très radical. L’autre grande nouveauté de ce scrutin en Italie est l’enrayement de la tendance négative pour le Parti démocrate (centre gauche), qui comptabilise plus de voix que Cinq Etoiles.

Enfin, Anna Slojewska, correspondante pour le quotidien Rzeczpospolita, a résumé les élections en Pologne à une bataille entre la Coalition européenne et le parti Droit et justice (PiS), ce dernier devançant de six points la Coalition. Le scrutin constituait un test avant les élections nationales prévues à l’automne. Il est intéressant de noter que le PiS n’a plus tenu de discours anti-européen, pour être en phase avec la population plutôt pro-européenne. Comme en Italie, d’importantes disparités géographiques se sont faites jour avec une division entre le Sud Est du pays, catholique, traditionnel et conservateur, et le Nord-Ouest, plus libéral; entre les grandes villes et les campagnes; entre les jeunes et les plus âgés, etc. Anna Slojewska a noté que six anciens premiers ministres polonais siègeront au Parlement européen et que concernant les nominations aux postes clés de l’UE, il faudra veiller à respecter un équilibre géographique.

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