Le Groupe à Haut Niveau sur le vin publie ses recommandations: les députés européens soulignent l’urgence à agir
Face à la crise que traverse le secteur vitivinicole européen, un Groupe à Haut Niveau a été lancé en juillet 2024 par la Commission européenne. Ses membres ont adopté, mi-décembre, leurs recommandations sur l’avenir de la politique vitivinicole européenne et une feuille de route est désormais attendue pour qu’elles soient mises en œuvre.
Le Groupe à Haut Niveau sur le vin a rassemblé pendant quatre mois des représentants des 27 Etats membres de l’UE et des principales organisations de parties prenantes. Il avait pour mission d’élaborer des recommandations sur les outils susceptibles d’aider davantage le secteur à faire face aux défis actuels, à améliorer sa compétitivité et à explorer de nouveaux débouchés commerciaux. Des recommandations ont ainsi été adoptées à l’unanimité en décembre dernier. Si elles reconnaissent l’importance stratégique des instruments politiques existants, elles soulignent également que ces outils doivent être adaptés et renforcés.
Les recommandations se concentrent sur trois domaines clés:
- aligner la production de vin sur la demande: parmi les outils mis en avant dans les recommandations, on trouve des régimes d’arrachage permanent ciblés pour certaines régions ou certains vins, une modulation temporaire du potentiel de production au moyen d’un système de gestion plus flexible pour les autorisations de plantation et de replantation de vigne, ou encore des mécanismes visant à faciliter l’ajustement des rendements des raisins.
- renforcer la résilience face aux défis du marché et du climat en luttant plus efficacement contre les pratiques commerciales déloyales, en améliorant les outils de gestion des risques de la PAC et en développant des solutions d’assurance innovantes ; le groupe appelle aussi à plus de flexibilité dans la gestion financière des programmes sectoriels vitivinicoles, et à l’introduction d’interventions sectorielles exceptionnelles en cas de perturbations du marché.
- s’adapter aux tendances pour saisir les nouvelles opportunités du marché en améliorant la collecte de données, en facilitant les techniques et la promotion de produits de la vigne adaptés aux nouveaux goûts et demandes, y compris les vins désalcoolisés, et en soutenant l'innovation. Il souligne également l’importance de faciliter les ventes directes des producteurs aux consommateurs et la nécessité de favoriser l’œnotourisme.
Les résultats de ces travaux ont été discutés au Parlement européen le 13 janvier entre la Commission européenne et les députés de la commission de l’agriculture. Si les députés ont, dans leur grande majorité, salué le contenu de ces recommandations, ils ont également demandé à la Commission européenne de proposer rapidement des outils de mise en œuvre. Ainsi, le socialiste français Eric Sargiacomo a souligné l’urgence à agir et demandé à ce que la réforme en cours de l’Organisation Commune des Marchés (OCM) intègre ces recommandations. Une option pour le moment rejetée par la Commission européenne, qui s’est engagée à proposer rapidement un calendrier distinct. E. Sargiacomo a également souligné sa ferme opposition, tout comme la filière bio française, de permettre l’utilisation du phosphonate en agriculture biologique, une demande portée par le secteur de l’agriculture biologique allemand. Il a également appelé à aller plus loin sur le pouvoir des interprofessions. Des positions qu’il a rappelées quelques jours plus tard lors de l’évènement de la campagne VitaeVino au Parlement européen pour défendre la culture du vin et sa convivialité, évènement dont il assurait la présidence.