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Les Etats membres s’accordent sur un programme stratégique pour 2024-2029

Le 27 juin, les dirigeants européens se sont accordés sur un programme stratégique européen pour la période 2024-2029. Celui-ci donne les grandes orientations et objectifs de l'Union. 

Dans le programme, les Etats proposent de répondre à trois risques majeurs: la nouvelle réalité géopolitique instable et concurrentielle, le changement climatique et enfin l’évolution des nouvelles technologies. La réponse à ce constat repose sur trois piliers: une Europe libre et démocratique, forte et sûre, ainsi que prospère et compétitive. Ceux-ci sont interconnectés et mènent en particulier vers l’objectif du renforcement géostratégique de l’Union, sa compétitivité et sa résilience. 

Les 27 chefs d’Etat et de gouvernement souhaitent réduire la dépendance stratégique et renforcer la préparation et les capacités de l'Union: sa base industrielle, technologique et sa défense. L’agenda reprend les secteurs clefs identifiés dans la plateforme STEP, tels que l’IA, les biotechnologies, la santé, les semi-conducteurs, etc. Cela passera par une augmentation des dépenses et "toutes les solutions" d’investissements, publics et privés, ainsi que la montée en puissance de la Banque européenne d'investissement (BEI).

Afin de libérer le potentiel d'investissement, les dirigeants s’engagent à créer des marchés européens des capitaux véritablement intégrés en accélérant l'intégration financière, en réalisant l'union des marchés des capitaux et en achevant l'union bancaire (une référence au rapport d’Enrico Letta, voir article La compétitivité de l’UE: une thématique majeure pour les institutions européennes | Europe (europe-en-nouvelle-aquitaine.eu)). Dans ce contexte, les PME resteront au cœur du tissu économique et social européen. 

Le programme affirme vouloir accentuer "la cohésion économique, sociale et territoriale dans le but de poursuivre la convergence vers le haut, de réduire les disparités, de renforcer notre résilience et notre compétitivité et de stimuler la croissance à long terme dans l'ensemble de l'Union". Mais la politique de cohésion n’est pas clairement mentionnée. Il y est aussi question de défendre des "communautés rurales dynamiques". 

Les Etats mettent en avant les "défis démographiques" en veillant notamment aux systèmes de protection sociale qui "soutiennent une société de la longévité florissante" et dans ce contexte, ils proposent de "renforcer la coopération en matière de santé" et d’améliorer l'accès aux médicaments. Mêlant question démographique et compétitivité, le programme propose aussi d’investir "dans les compétences, la formation et l'éducation des citoyens tout au long de leur vie" et d’encourager la mobilité des talents. 

Le terme de "Green deal" est le grand absent de l’agenda, mais le changement climatique apparait à plusieurs endroits dans le texte et les Etats ambitionnent toujours pour l’Europe de devenir "le premier continent neutre pour le climat, en accomplissant avec succès les transitions climatique et numérique, sans laisser personne de côté". 

En outre, les Etats s’engagent à mettre en place "une véritable union de l'énergie" en utilisant toutes les solutions "zéro net" et à faibles émissions de carbone, et à investir dans "de vastes infrastructures transfrontières dans les domaines de l'énergie, de l'eau, des transports et des communications". 

La "résilience" de l’UE est mise en avant dans le cadre d'une approche "tous risques" des crises (préparation, prévention, réaction) sans en définir clairement les contours. Elle concerne notamment les catastrophes naturelles et les urgences sanitaires. La résilience dans le domaine de l'eau est mentionnée dans le seul paragraphe dédié au secteur agricole. Un secteur que l’agenda propose de rendre "compétitif, durable et résilient, qui continue d’assurer la sécurité alimentaire" et qui renforce la position des agriculteurs dans la chaîne d'approvisionnement alimentaire. 

L’impact de cet agenda sur les futures politiques européennes s’est en partie vérifié à l’occasion du discours de pré-investiture devant le Parlement européen, de la Présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le 18 juillet (Voir article Ursula von der Leyen réélue à la présidence de la Commission européenne après avoir présenté son programme pour les cinq prochaines années| Europe (europe-en-nouvelle-aquitaine.eu)). Certains points stratégiques se retrouveront également dans les lettres de mission aux futurs commissaires et la proposition de nouveau cadre financier pluriannuel et ses politiques à l’été 2025. 

Conclusions du Conseil du 27 juin