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Une Présidence roumaine aux multiples défis

Ce 10 janvier 2019, la Roumanie a officiellement pris, pour la première fois depuis son adhésion en 2007, la Présidence du Conseil de l’Union européenne. Celle-ci est assurée à tour de rôle par chaque État membre pour une période de six mois durant laquelle l’EM préside les réunions au sein du Conseil. Or, le semestre à venir se déroulera sous la pression de sujets majeurs et de nombreux défis à relever; notamment le point d’interrogation concernant le Brexit, les élections européennes à venir et les négociations qui continuent sur le futur Cadre Financier Pluriannuel (CFP) post 2020.

Pour définir les priorités qu’elle propose aux Etats membres et orienter son action, la Roumanie a choisi pour devise "La cohésion, une valeur européenne commune".  Ainsi, ses priorités reposent sur l’impératif de "cohésion" au sens large, lui-même décliné en quatre piliers d’actions: l’Europe de la convergence (croissance, cohésion, compétitivité, connectivité), de la sécurité, l’Europe acteur mondial et l’Europe des valeurs communes.

Les avancées sur la question de la sortie du Royaume-Uni restent encore imprévisibles. La Roumanie devra adapter l’agenda des réunions du Conseil en fonction des évolutions et notamment dans la perspective d’un "No Deal". En effet, un tel dénouement imposerait d’adopter des propositions d’urgences dans des domaines spécifiques, tels que la pêche, nécessaires pour sauvegarder les intérêts vitaux de l’Union européenne. Sur le futur budget européen, les Etats membres n’ont pas l’ambition de trouver un accord avant la fin de l’année.

Le 22 janvier devant le Parlement européen, Rovana Plumb, Ministre des Fonds européens, a présenté en commission du Développement régional ses priorités en matière de politique de cohésion. L'objectif de la Roumanie est de lancer rapidement les négociations interinstitutionnelles Parlement/Conseil/Commission sur le règlement portant dispositions communes pour la période 2021-2027 (les États membres ont dégagé une position commune sur certains aspects). Ces "trilogues" pourraient démarrer après la session plénière de février du Parlement européen, qui devrait entériner l'avis de l'assemblée. En outre, d'autres avancées sur les textes de la future politique de cohésion devraient être actées lors du Conseil Affaires Générales dédié qui se tiendra le 25 juin. Deux autres réunions informelles auront lieu à Bucarest au cours de ce semestre: les 11 et 12 avril sur la cohésion, les 13 et 14 juin sur l'urbain.

Sur la politique agricole commune (PAC) en Conseil Agriculture et pêche les premiers débats ont débutés le 28 janvier, et se poursuivront les 18 mars, 14, 15 et 16 avril, 14 mai ainsi que spécifiquement sur la pêche le 18 juin.

Sur le programme "Invest EU" un débat a eu lieu le 22 janvier en Conseil Economique et financier, et des délibérations non législatives sur des programmes tel que "Horizon Europe" après 2020 sont prévues les 19 et 28 févriers en Conseil Compétitivité. Par contre, aucun dossier législatif n'est à l'ordre du jour du Conseil Éducation, Jeunesse, Culture et Sport (EJCS).

Néanmoins, à ce jour, la réalisation d’un tel programme de travail semble déjà freinée sur fond de fortes tensions politiques entre Etats et parlementaires. A titre d’exemple, le 22 janvier 2019, au cours d’un débat avec les députés européens de la commission Transports, la Ministre roumaine, Mme Plumb, a affirmé souhaiter trouver les accords en trilogue sur des points liés aux paquets "mobilité" alors même que les négociations au sein du Parlement européen (PE) avancent peu. De même, sur le futur budget, en pleine discussion sur l’état de droit et la conditionnalité pour l’obtention des fonds européens, la situation politique interne de la Roumanie inquiète des Etats membres qui pourraient être réfractaires à avancer sous sa présidence. Il en est de même pour sa position de maintenir, pour le futur, les montants actuels concernant la politique de cohésion et la PAC.

Avoir la présidence signifie aussi recevoir de nombreuses rencontres européennes. C’est le cas notamment du Comité des Régions qui organise le Sommet des villes et des Régions à Bucarest le 14 et 15 mars ou le Sommet informel du Conseil à Sibiu (Roumanie) le 9 mai qui marquerait la première réunion post-brexit et la dernière avant les élections européennes.

Face à ces nombreux défis, la Roumanie peut compter sur le soutien de partenaires. En effet, depuis le traité de Lisbonne en 2009, les Etats qui assurent la présidence travaillent en étroite coopération par groupes de trois, appelés "trios". Ainsi, la Roumanie ouvre un nouveau cycle et peut compter sur la collaboration de la Finlande et la Croatie pour apaiser les tensions.

En savoir plus

Site de la Présidence de la Roumanie  

Agenda provisoire du Conseil

Sommet européen des Villes et Régions