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Une présidence belge de l’Union européenne sous pression

Le 1er janvier 2024, la Belgique a pris pour la treizième fois la Présidence du Conseil. Ce seront six mois sous pression pour tenter de clôturer de nombreux dossiers d’envergure avant les élections européennes, qui auront lieu du 6 au 9 juin 2024. 

La Belgique prend le relais de l’Espagne du cycle de 18 mois de trio de Présidence, qui sera suivi par la présidence hongroise. Dans son programme stratégique, le trio met en avant sa volonté d’accroître la résilience de l’Union européenne (UE) et son autonomie stratégique (compétitivité), d’accompagner la double transition numérique et écologique et de consolider ses partenariats internationaux ainsi que sa sécurité et sa défense. 

Compte tenu des élections européennes, le travail en codécision sera interrompu à l’issue de la dernière plénière du Parlement européen qui se tiendra du 22 au 25 avril. Sont toutefois prévues pendant la présidence belge près de 530 réunions informelles et environ 2 000 réunions formelles. La Belgique en profitera pour faire avancer ses six priorités telles que présentées par son Premier ministre, Alexandre De Croo, devant les députés européens le 16 janvier à Strasbourg:   

  • Défendre l’état de droit, la démocratie et l’unité: la Belgique entend promouvoir durant son mandat les droits et principes fondamentaux de l’Union en soutenant la protection des libertés individuelles, l’égalité, la non-discrimination et le bien-être des citoyens. Ces critères d’adhésion ("critères de Copenhague") sont considérés par le Premier ministre belge, non seulement comme des conditions mais également comme une obligation permanente, notamment dans la lutte contre la désinformation et l’ingérence étrangère;
     
  • Renforcer la compétitivité de l’UE: l’exécutif belge a exprimé son souhait de faire revivre l’"esprit de Jacques Delors" et de rouvrir les marchés européens des capitaux pour favoriser les investissements. Une référence certaine au rapport commandé à l’ancien premier ministre italien, Enrico Letta, attendu pour le 21 mars 2024. Comparant l’UE aux Etats-Unis et à la Chine, le 1er ministre a estimé que l’UE mettait "trop souvent l’accent sur les pénalités et sur le bâton" dans le soutien à la transition des entreprises et des industries. La Présidence belge appelle aussi à la mise en place d’un Pacte industriel pour la prospérité afin de baisser les émissions de gaz à effet de serre;
     
  • Poursuivre une transition écologique juste: afin de réduire les vulnérabilités face au changement climatique, la Présidence entend renforcer l’économie circulaire, l’adaptation et la préparation. Elle promouvra également une gestion durable de l’eau en référence au programme de travail de la Commission européenne pour 2024, qui entend présenter une Initiative, non législative, pour la résilience dans le domaine de l’eau;
     
  • Renforcer le programme social et sanitaire: pour la Présidence belge, "la promotion des droits sociaux et du travail dans le monde entier est indispensable pour préserver le modèle social européen à long terme". Un modèle européen en discussion qui aboutira à une réunion conjointe des Ministres de l'Emploi et des Affaires sociales avec les Ministres des Finances de l'UE le 12 mars 2024. En parallèle, devrait avoir lieu le Sommet de Val Duchesse qui réunira les partenaires sociaux. Sur le volet de la santé, la Belgique souhaite œuvrer à une stratégie pour accroître les effectifs dans le secteur et améliorer l’accès des citoyens à des médicaments abordables;
     
  • Protéger les individus et les frontières: la Présidence a pour ambition de traiter l'ensemble des dossiers législatifs en suspens qui sont associés au nouveau pacte européen sur la migration et l'asile. Sur la protection, l'accent portera sur la consolidation de la base industrielle et technologique de la défense européenne;
     
  • Promouvoir l’Europe mondiale: la Belgique souhaite poursuivre les efforts entrepris par l'UE pour renforcer sa résilience et son autonomie tout en défendant ses intérêts et ses valeurs. 

La Belgique anime aussi les débats pour trouver un accord sur la révision du budget européen 2021-2027, incluant l’aide à l’Ukraine ou encore la proposition de la plateforme pour la souveraineté STEP. Devrait être discuté également pour adoption, ou non, un mécanisme européen pour surmonter les obstacles transfrontaliers.
 
Du côté de la politique de cohésion, la Présidence belge se montre très allante sur les discussions concernant son avenir. Elle accueillera à Mons les 18 et 19 mars Le Sommet européen des régions et des villes, ainsi que le Forum cohésion les 11 et 12 avril juste après la publication du 9ème rapport sur la cohésion et pour lequel le Conseil adoptera des conclusions le 18 juin. 

Site de la présidence belge  

Revoir le débat au Parlement européen