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L’Espagne ouvre un nouveau cycle de trio de Présidences de l’Union dans une période déterminante

Ce 1er juillet, la Suède a passé le flambeau de la présidence du Conseil de l'UE à l’Espagne. Pendant six mois, son rôle sera de présider les réunions entre les Etats membres, de faire avancer les dossiers en cours, comme la révision du budget européen, tout en apportant de nouveaux sujets. 

Un nouveau cycle de 18 mois de trio de présidences a commencé avec l’Espagne qui sera suivie de la Belgique et de la Hongrie. Le trio s’activera à mettre en œuvre son programme stratégique qui consiste en particulier à accroître la résilience de l’Union européenne (UE) et son autonomie stratégique en renforçant sa compétitivité, accompagnant la double transition numérique et écologique, en consolidant ses partenariats internationaux ainsi que sa sécurité et sa défense.  

C’est dans ce cadre stratégique que l’Espagne jouera son rôle de présidente en portant sa devise "une Europe, plus près" qui combine, selon elle, l’objectif de proximité humaine, institutionnelle et politique du projet européen. L’Etat y apportera sa touche politique en présidant les négociations, en animant des réunions ministérielles informelles et formelles. Son but affiché est de mettre en œuvre quatre priorités qui sont, d’une manière ou une autre, imbriquées :

  • Réindustrialiser l'Union européenne et garantir son autonomie stratégique ouverte : il y est question de favoriser le développement d´industries et de technologies stratégiques notamment par des accords commerciaux internationaux afin de renforcer les chaines d’approvisionnement. Le sommet UE-CELAC de la mi-juillet, qui a mené à un accord avec l’Argentine, prend aussi en compte une coopération renforcée pour une transition énergétique plus durable. 
     
  • Faire progresser la transition écologique et l'adaptation environnementale : une progression qui ne pourra, selon le gouvernement de Pedro Sanchez, se faire sans une autonomie stratégique ouverte qui prenne en considération les besoins en matières premières critiques, à la source, dans le processus de recyclage et la réutilisation, afin de réussir la décarbonation de l’économie européenne. Actuellement, l’Espagne préside les discussions entre les Etats sur la réforme du marché de l'électricité afin d’accélérer le déploiement des énergies renouvelables, réduire les prix de l'électricité et améliorer la stabilité du système ainsi que les négociations en trilogue de la directive sur les marchés du gaz et l'hydrogène provenant du paquet Fit for 55. Le pays souhaiterait aussi profiter de son mandat pour encourager des mesures "visant à réduire les déchets et les microplastiques, le design de produits durables et la production de carburants verts". 
     
  • Promouvoir une plus grande justice sociale et économique : cela commence par la révision du cadre financier pluriannuel (Voir article) qui doit être conclue d’ici la fin 2023 pour qu’elle soit effective dès le budget annuel de 2024. L’Espagne compte plaider pour une réforme des règles fiscales, l'établissement de normes minimales communes et la lutte contre l'évasion fiscale des grandes multinationales. Sur le volet social, l’Espagne a déjà accueilli, le 13 juillet à Madrid, une réunion informelle des ministres chargés de l’emploi et des affaires sociales (EPSCO). A l’ordre du jour, se discutait la possibilité d’adopter cette année une législation européenne sur le télétravail et le droit à la déconnexion numérique. Dans le cadre de la directive européenne sur le salaire minimum, la Ministre espagnole Yolanda Díaz a plaidé en faveur de nouvelles augmentations de salaires dans l’ensemble de l’Europe et d’une meilleure protection des travailleurs indépendants. La Ministre des Droits sociaux et de l'Agenda 2030, Ione Belarra, a défendu l’amélioration du secteur des soins et l’importance de concilier vie professionnelle et vie familiale. Autant d’initiatives qui pourraient mener à des accords entre Etats. 
     
  • Renforcer l'unité européenne : par l’approfondissement du marché intérieur, l'achèvement de l'union bancaire et des marchés des capitaux et la consolidation des instruments communs tels que le plan de relance NextGenerationUE. Selon l’Espagne, l’unité est aussi liée à la question de la coordination des processus de migration et d'asile, le soutien collectif à l'Ukraine et au voisinage européen. 

La Présidence espagnole s’avèrera par conséquent chargée, et troublée à ses débuts par les élections du 23 juillet, et les incertitudes sur la formation d’un gouvernement, ou le retour aux urnes. La Présidence belge du 1er semestre 2024 sera quant à elle perturbée par les élections européennes (Voir article) qui auront lieu en juin 2024. La clôture du trio par la Hongrie fait aussi l’objet de tensions à la suite d’une résolution du Parlement européen, votée à 442 pour, 144 contre et 33 abstentions. Celle-ci remet en cause la capacité de Budapest à assurer sa part de présidence tournante "compte tenu du non-respect du droit de l'UE".  

Programme stratégique du trio  

Le président du Gouvernement présente les priorités de la Présidence espagnole du Conseil de l’UE